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Aujourd'hui nous allons à la rencontre d'Hippolyte a.k.a "Pipo" Noundou. Ça fait un peu plus d'une décennie qu'il est installé aux Philippines. Il y a d'abord connu une carrière de joueur avec notamment les Tamaraws de F.E.U. Il a ensuite débuté une carrière d'entraîneur dans le circuit universitaire de ce pays. Si vous vous posez des questions sur le Basket Philippin ,c'est peut-être la personne idéale pour vous édifier, au vu de son vécu là bas. Avec lui, nous avons abondamment échangé sur différents sujets. Attention, entretien-fleuve, mais Ô combien enrichissant...
SALUT COACH PIPO! COMMENT EST-CE QUE VOUS VOUS PORTEZ ? ET COMMENT LA CRISE LIÉE AU CORONAVIRUS A ÉTÉ VECUE CHEZ VOUS LÀ-BAS AUX PHILIPPINES ?
Salut! Moi ça va. Je remercie le seigneur que malgré cette crise il n'y ait pas de gros dégâts de mon côté. Cette crise a eu un grand impact sur les Philippines économiquement et surtout dans l'industrie du Sport. Tout est arrêté depuis 4 mois, et les gens qui ne vivent que du sport connaissent des moments difficiles. Mais bon, voilà, on espère que les choses vont rentrer dans l'ordre d'ici peu!
AUJOURD'HUI VOUS ÊTES ENTRAÎNEUR, MAIS ON AIMERAIT FAIRE UN PETIT DÉTOUR DANS VOTRE PASSÉ DE JOUEUR: AVANT D'ARRIVER AUX PHILIPPINES, DANS QUELS CLUBS AVEZ-VOUS ÉVOLUÉ AU CAMEROUN ?
Déjà j'ai pas eu une enfance assez stable parce que mes parents étaient enseignants, donc c'était de nouvelles affectations régulièrement. Cela a influé sur ma petite carrière de jeune. Et mon père ne voulait pas que je fasse du basket, lui c'était les Études. J'ai commencé le Basket à Foumban avec Amina Ndjonkou, Éric Nsangou... Ensuite j'ai joué 2 ans à Bafoussam. On a gagné la médaille de bronze aux Jeux Fenasco d'Ebolowa, sous les ordres du coach Zébazé!
Ensuite je suis allé à l'Université de Yaoundé 1 où j'ai obtenu ma Licence en 3 ans, j'ai aussi gagné des médailles d'or et d'argent aux Jeux Universitaires avec cette Fac. En club à Yaoundé, j'ai joué pour Seven Hills avec le Coach Pepso, les Bertrand Kamga. J'ai ensuite joué pour Cèdres de Douala avec les Éric Nsangou, Hakim, "Double", "Wash", Chris Kuété... On avait une équipe vraiment talentueuse qui a tout gagné sur le plan local. Avec Okapio à la mène, on a aussi gagné la Zone 4, en battant le TP Mazembe à De La Salle en 2005. Ma dernière saison au pays, j'ai joué pour FAP, pour mon grand frère le Commandant Soppo, et ensuite je suis parti du Cameroun.
ON EST AUSSI BIEN CURIEUX DE SAVOIR EN QUELLE ANNÉE VOUS AVEZ MIGRÉ POUR LES PHILIPPINES ET COMMENT EST-CE QUE VOUS VOUS RETROUVEZ LÀ-BAS ?
Je pars du Cameroun en Décembre 2006! ... Une véritable aventure avec mon pote John Nchotu. La destination initiale n'était pas vraiment les Philippines. Donc on a traversé des moments compliqués. On a fait Singapour, là bas c'était pas trop ça. On est allé en Thaïlande, le Basket là bas à cette époque, c'était pas top... ça a progressé depuis là bas! Moi j'étais déjà focalisé Basket et tous les gens qu'on croisait en Thaïlande ne nous parlait que des Philippines comme la nation la plus passionnée de basket en Asie. C'est là que je décide en 2007 de partir aux Philippines... C'est là que tout commence, je découvre toute cette passion et j'y prends goût!
AVANT VOUS, Y'AVAIT IL DÉJÀ EU DES BASKETTEURS CAMEROUNAIS DANS CE PAYS ?
Non je pense pas! Il y avait des nigérians, des américains, des australiens... Bref des étrangers d'autres nationalités, mais pas de camerounais! Ce qui fait que mon ami John Nchotu, qui a joué pour J.R.U et moi nous étions les tous premiers camerounais à jouer aux Philippines. Dans le bon ordre je suis arrivé dans ce pays le premier, John et Roméo m'ont rejoint par la suite. Il y'a eu aussi Yannick qui n'a pas mis longtemps et est retourné au Cameroun
AVEC DU RECUL, ÊTES VOUS SATISFAIT DE VOTRE CARRIÈRE DE JOUEUR EN ASIE ?OU ALORS VOUS VOUS DITES QU'IL Y'AVAIT ENCORE DES CHOSES QUE VOUS AURIEZ AIMÉ ACCOMPLIR ?
Pour être honnête, je dirais non! Je suis pas satisfait, mais bon c'est la vie. Les regrets n'y changeront rien. J'aurais voulu aller plus loin et il y'avait les opportunités! Mon grand frère Didier Tatchoum qui était installé en France m'avait déjà trouvé des contacts, des clubs en Europe. Mais je me suis déchiré le tendon d'Achille à ma dernière saison, c'est ça qui a tout bouleversé! La suite c'est des tribulations en Chine, à Singapour pour essayer de dégoter un contrat, mais le pied ne répond plus. Personne ne vous fait plus confiance, parce qu'on sait que c'est une blessure grave et que ce sera dur pour vous de revenir au top. C'est là qu'il faut raccrocher un peu plus tôt que prévu...
VOUS VOUS ÊTES LANCÉ DANS LE COACHING À MOINS DE 30 ANS, N'ÉTAIT CE PAS UN PEU TROP JEUNE ?
Une proposition pour coacher est arrivée juste un an après ma blessure et là j'ai commencé à réfléchir. C'est mon petit Christian Sentcheu, qui est aujourd'hui aux USA, qui m'a encouragé à accepter l'offre. À l'époque on vivait dans le même appartement aux Philippines. C'est lui qui m'a poussé à dire oui à l'employeur. Je souhaitais pas faire des boulots que je n'aimais pas, même si c'était bien payé. Mon père m'a toujours dit que si tu fais ce que tu aimes et que t'es payé pour ça, ça veut dire que ta vie est réussie! Je voulais donc faire quelque chose que j'aime, c'est pour ça que je me suis lancé dans le coaching.
EST-CE QU'À L'ÉPOQUE QUAND VOUS REGARDIEZ DES COACHS COMME ZÉBAZÉ, PEPOUNA OU ENCORE MEKONGO, VOUS VOUS DISIEZ QUE COMME EUX, VOUS AUSSI VOUS FEREZ DANS LE COACHING ?
(Rires...) C'est amusant parce que les 3 coachs que vous mentionnez ont été mes coachs! Pepso à Seven Hills, quelqu'un qui m'a beaucoup inspiré, quelqu'un de passionné qui a dédié sa vie au Basket. Coach Zébazé c'était mon père spirituel. Il m'a pris très jeune, c'est lui qui a convaincu mon père de me laisser aller à Bafoussam pour y jouer et fréquenter. Il m'a pris sous son aile. Et Coach Mekongo c'était notre coach à Cèdres, et le DTN à l'époque. Avec lui c'était le Feu... Ces 3 coachs on eu un impact positif sur ma vie. Mais pour être honnête, même dans mes rêves les plus fous, je ne m'imaginais pas finir Coach. Voilà, c'est arrivé. Maintenant je m'amuse bien, j'accepte les challenges. Coacher c'est difficile. Maintenant je comprends mieux les réactions de Pepso, Coach Zébazé et Coach Mekongo à l'époque... C'est un métier très difficile, si vous n'êtes pas passionnés, vous ne tenez pas, c'est clair !
VOUS ENTRAÎNEZ QUELLE ÉQUIPE ACTUELLEMENT? DANS QUELLE LIGUE? ET QUELS SONT LES DERNIERS FAITS D'ARMES DE VOTRE ÉQUIPE ?
J'entraîne 2 équipes. À temps plein je suis le coach d'une Université Internationale(Enderun) et à l'intersaison j'entraîne une autre équipe en semi-pro en PBA D-LEAGUE(FamilyMart). Cette année c'était ma 2ème expérience en semi-pro, mais à peine on avait joué notre premier match que la saison à été interrompue à cause de la Pandémie. Je suis beaucoup plus dans le championnat universitaire, mais aussi dans le championnat semi-pro en PBA D-LEAGUE, qui est le second niveau derrière la PBA qui est la plus grande Ligue. C'est un peu comme aux USA avec la NBA et la NBA G-League!
DANS LE BASKET UNIVERSITAIRE PHILIPPIN ON REMARQUE QU'IL Y'A UN CERTAIN DURCISSEMENT À L'EGARD DES ÉTRANGERS. EN NCAA PAR EXEMPLE, ON A INSTAURÉ UNE INTERDICTION DE RECRUTER DES ÉTUDIANTS-ATHLÈTES ÉTRANGERS... VOUS QUI VIVEZ DANS CE PAYS DEPUIS UNE DÉCENNIE, QUE PENSEZ VOUS DE TOUT CELA ?
La règle contre les étrangers en NCAA, c'est quelque chose qui se tramait depuis des années. Il y'avait des blocages, mais ils ont poussé et ils y sont finalement parvenus. Ce qui fait que ça limite les opportunités, aux africains beaucoup plus, parce que c'était les africains qui étaient les plus nombreux en NCAA. Donc c'est pénalisant, parce qu'il y'avait la possibilité de faire des études à travers des bourses universitaires tout cela en jouant, en ayant à sa disposition un logement et un peu d'argent de poche... On nous a retiré ça! Donc les choses sont vraiment compliquées pour les africains de ce côté! Nous africains, nous n'avons pas apprécié.
Mais voilà, c'est leur pays et ils prennent des décisions. La NCAA est la seule à interdire des étrangers, il y'a d'autres ligues universitaires qui acceptent encore les Noirs. On espère que la NCAA va revenir sur sa décision un de ces quatre et reaccepter les étrangers... Il faut dire reaccepter les Africains, parce que quand on parle d'étrangers en NCAA, à 99% c'est des Africains!
AUJOURD'HUI, POUVEZ VOUS ENCORE CONSEILLER À UN JEUNE JOUEUR CAMEROUNAIS LA DESTINATION DES PHILIPPINES POUR Y POURSUIVRE SA CARRIÈRE?
Maintenant, il faut se méfier en disant qu'on quitte le pays et dire qu'on vient aux Philippines. Faut savoir que les options sont limitées et ça devient très sélectif. Si quelqu'un vous fait une proposition pour les Philippines, il faudrait que la personne vous montre une bourse vérifiable. Il faudrait que vous parliez avec le Coach ou les dirigeants de cette université et qu'ils vous confirment que vous allez réellement intégrer l'équipe une fois sur place. Parce que beaucoup viennent ici sur des promesses fallacieuses, puis ils se retrouvent au quartier. Moi de mon côté je déconseille! Beaucoup de gens m'écrivent en me demandant de l'aide, moi je leur réponds non! Parce-que je sais que c'est difficile. Mais au final tu les retrouves quand même ici, quelqu'un d'autre les a fait monter... Et ils viennent encore te demander de l'aide pour trouver une école ici, pourtant je leur avais déconseillé de venir.
Il faut être super fort pour qu'on te prenne et qu'on coupe un autre Noir pour toi, dans les ligues qui en acceptent encore. Parce que tous les bons programmes, toutes les bonnes équipes ont au moins 1 ou 2 étrangers. Pour qu'on te prenne, il faut que tu sois supérieur à ceux qui sont déjà là, et là c'est enlever un "Frère" pour mettre un autre "Frère". Et là s'en suit des petits sabotages...
Donc moi je conseille pas vraiment à un jeune camerounais de venir poursuivre sa carrière aux Philippines en ce moment! Mais si un gars est fort, s'il est prêt, pourquoi pas ? Mais il faut se rassurer, faut pas partir en aventure. On voit des gars qui, à peine ils apprennent à jouer au pays on leur fait croire qu'ils vont s'en sortir aux Philippines, parce qu'ils sont grands, ils vont dominer... Mais ils savent pas jouer! Ils sont maintenant au quartier et ils en veulent à tout le monde...
PEUT-ON SAVOIR POURQUOI ON NE RETROUVE AUCUN DE CES AFRICAINS, QUI BRILLENT SUR LE CIRCUIT UNIVERSITAIRE, DANS LA MEILLEURE LIGUE PRO DU PAYS QU'EST LA PBA ?
Pour être honnête avec vous, pour jouer là bas en tant que "Import Player" c'est très difficile! Parce que la plupart des "Import" qu'ils prennent ici en PBA, 90% ont au moins un tour en NBA ou NBA G-League dans leurs CV. Nos gars africains sortent du collège, et en Pro on a besoin de joueurs expérimentés. Des joueurs qui vont venir dominer, scorer 50 points, 45 points par match. C'est très difficile. Ici c'est comme la CBA en Chine, c'est le CV qui prime. Les américains qui ont joué en NBA, en G-League ou en Euroleague, des mecs qui portent l'équipe sur les épaules et qui scorent beaucoup, c'est ça qu'on veut en PBA!
VU DU CAMEROUN, ON SE POSE BEAUCOUP DE QUESTIONS SUR LE NIVEAU DE COMPÉTITIVITÉ DU BASKET AUX PHILIPPINES. SELON VOUS, EST-IL BON ?
C'est clair qu'on se pose des questions... Je le sais depuis. J'étais au pays, je sais comment on pense là bas. Au pays on ne respecte que la NBA et puis L'Euroleague, c'est tout! On sait pas qu'il y'a des pays où le Basket, c'est Fou ! Pour preuve, les Philippines malgré que leur équipe nationale connaît quelques problèmes avec les meilleurs joueurs qui sont pas toujours disponibles, ils sont 31ème ou 32ème au classement FIBA, je sais plus bien( ils sont effectivement 31ème...), mais je sais qu'ils sont une place devant l'Angola. Le Cameroun doit être 63ème ou 62ème(...64ème)... Déjà ça, ça dit beaucoup!
Ici c'est du sérieux! Les experts FIBA sont là tout le temps, la NBA... Tous les grands coachs du monde passent par ici, les grands joueurs y viennent. Kobe Bryant venait tous les étés, LeBron James vient presque chaque année. C'est fou ici, c'est la réalité. Mais au Cameroun on se dit toujours que les asiatiques sont de petites tailles, donc par ricochet ils sont pas forts. Mais moi je dis que c'est super compétitif ici. Je cause avec certains gars qui sont au pays, toute une saison ils ne vont livrer que 8 matchs pour être champion du Cameroun... Ici, 8 matchs, c'est le nombre de matchs qu'on livre en 3 semaines!
Le seul avantage que le Cameroun a, c'est le potentiel humain. On a du talent, on est athlétique, mais en dehors de ça il n'y a rien d'autre! Ils sont plus avancés dans les connaissances, tactiquement, techniquement, les Skills, l'adresse... Ils commencent plus tôt que nous avec tout le nécessaire, la passion. Il y'a l'impact des chaînes TV. Il y'a des chaînes qui montrent au moins 4 matchs par jour. Ça fait que tu vis au rythme du basket!
Sur le plan humain, nous camerounais sommes talentueux. Nous sommes, comme on dit, "gifted", mais les réalités c'est autre chose. Ils ont de l'avance, c'est leur domaine. Ils ne jurent que par le Basket ici, donc c'est super compétitif. On joue des matchs tout le temps. Toute l'année je suis "Bizzy". Quand je vois tout ça, je suis jaloux. Parce que si c'était la même organisation, les mêmes moyens, la même disponibilité chez moi au Cameroun, je pense qu'on serait dans le Top 3 des meilleures nations au Monde! Le potentiel humain, on l'a... Mais le reste, c'est à revoir.
CERTAINS JOUEURS ONT SOUVENT PÂTI DE L'IDÉE QUE L'ON SE FAIT DU NIVEAU DU BASKET PHILIPPIN AU CAMEROUN. BEAUCOUP ONT PENSÉ QUE LES CAMEROUNAIS QUI BRILLAIENT LÀ BAS N'ÉTAIENT PAS FORCÉMENT APTES POUR INTÉGRER L'ÉQUIPE NATIONALE CAMEROUNAISE. VOTRE POINT DE VUE SUR LE SUJET ?
Ça c'est une bonne question! Comme on dit toujours, le 2ème nom de Dieu, c'est le Temps... Je me rappelle il y'a 4 ans je m'étais exprimé naturellement sur un Forum Facebook qui traite du basketball camerounais et j'avais dit qu'au pays on se focalisait beaucoup trop à sélectionner des gars qui étaient en NCAA aux USA. Même si ces gars jouaient pas vraiment, étaient sur le banc dans des programmes pas très forts. J'avais dit que je connaissais des gars ici en Asie comme Aroga, Ben Mbala, Chris Kuété qui méritaient d'être appelés. Je me suis fait copieusement insulté pour avoir dit cela. Ensuite quelqu'un dont je tairais le nom m'avait contacté pour me demander si j'etais sérieux dans ce que je disais? Je lui ai répondu en disant " Donnez une chance à Mbala... Donnez une chance à Aroga et vous ne serez pas déçus!"
Moi je regarde notre équipe nationale et je vois des gens qu'on appelle tout le temps... Je pensais que ces gars qui jouaient ici aux Philippines étaient suffisamment compétitifs pour intégrer cette équipe! Et qu'est ce qui s'est passé par la suite ? Vraiment Dieu est grand! Je n'imaginais même pas que Mbala pouvait être le meilleur joueur du Cameroun à un tournoi et dominer comme il l'a fait. Je pensais juste qu'il pouvait être sélectionné, être un role-player ou être sur le banc, mais il y est arrivé. Vous pensez que Mbala a développé son basket où ? C'est ici aux Philippines, et lui-même il le dit. Et c'est un bosseur. Les 4, 5 ans qu'il a passé ici, c'était énorme! Des matchs de très haut-niveau devant 20.000 spectateurs. J'avais dit que Mbala était prêt, je ne voyais pas ce qui pouvait l'effrayer dans une compétition internationale. Les camerounais ne me croyaient pas... Surtout ceux qui sont en France, au Canada, aux USA! Je suis resté calme dans ce Forum Facebook et je n'ai plus jamais rien écrit dans ce groupe jusqu'aujourd'hui, et ce même quand Mbala est allé à l'Afrobasket 2017 et a valablement représenté l'Asie, les Philippines. J'étais fier, mais je riais seulement dans mon coin. Même Aroga aurait pu intégrer cette équipe, il se battait bien. J'avais donné d'autres noms comme Donald Tankoua, il y'avait aussi Mike Harry (Nzeusseu), mais les gens nous ont pris à la légère.
Donc Mbala est la réponse à votre question précédente sur le niveau de compétitivité aux Philippines. Il est la preuve que c'est compétitif ici. Maintenant ça dépend de la Ligue où on joue. Ben Mbala jouait dans une des ligues les plus populaires du pays, l'UAAP. Il jouait pour un programme(La Salle) où il y'avait beaucoup de pression et il a embrassé cette pression. Donc je savais qu'avec l'équipe nationale il pouvait pas connaître la pression. Donc c'est juste pour dire qu'il faut essayer de donner des chances aux gars qui sont ailleurs, qui se battent. C'est pas tout le monde qui va jouer aux USA ou en Euroleague.
Je vois qu'on selectionne même des gars qui jouent en National 2, Nationale 3... Je secoue la tête! J'étais récemment en France, j'ai regardé des équipes de Nationale 1, Nationale 2, j'ai regardé les niveaux. J'ai aussi eu la chance de regarder les entraînements du Real Madrid, j'ai côtoyé leur Coach, j'ai essayé de comprendre sa philosophie. J'ai même assisté à leur match d'Euroleague face à l'ASVEL. On se laisse encore beaucoup éblouir par les noms des pays où certains jouent. Quelqu'un joue en 4ème division en France, mais on va le prendre au sérieux plus que quelqu'un qui joue en semi-pro en Asie. C'est Fou! Quelqu'un qui joue en Pro A, en Pro B, je respecte! Nationale 1, peut-être...
DEPUIS VOTRE EXIL, QUE PENSEZ VOUS DE L'ÉTAT ACTUEL DU BASKETBALL CAMEROUNAIS DANS SON ENSEMBLE ?
Ça progresse. Il y'a quelques coachs qui bossent là bas, des gars passionnés. Mais maintenant le problème c'est quoi? C'est les moyens, les possibilités. Les gars n'ont pas accès à des stages, à des recyclages. Vous savez que le Basket est un sport qui évolue chaque jour. Il faut avoir accès à certains séminaires, à certains clinics pour pouvoir être à la page. C'est ça qui manque au pays. On a des coachs avec beaucoup de volonté mais ils n'ont pas accès à certaines méthodes, certaines tactiques. C'est ça qui limite un peu notre basket. C'est pourquoi on avance, mais on avance lentement.
AVEZ-VOUS DES PROJETS LIÉS AU BASKET POUR LE CAMEROUN EN CE MOMENT OU DANS LE FUTUR ?
C'est beaucoup plus dans le futur. Mon petit Christian Sentcheu et moi, on a un projet commun pour le pays dans un futur proche si dieu le permet. Ce sera une petite académie de développement de joueurs. Je peux pas tout dévoiler pour le moment parce que ça demande beaucoup de choses. Mais entretemps, j'ai des projets avec Émile qui est avec Nzui-Manto. J'envisageais arriver au pays cette année, ce virus est venu tout gâter. Je pensais l'aider un peu, parce qu'il est dans un besoin de matériel. Il est vraiment déterminé à remettre sur pied son académie de Nzui-Manto. Mais dans un futur proche ou lointain, quand les moyens seront disponibles, une chose est sûre on fera quelque chose.
COACH PIPO, MERCI DE NOUS AVOIR ACCORDÉ UN PEU DE VOTRE TEMPS. AVEZ-VOUS UN MOT DE LA FIN ?
Je vais juste vous dire merci de m'avoir donné cette opportunité de m'exprimer et de me faire connaître. Je vous souhaite beaucoup de courage dans votre activité. J'ai lu quelques-uns de vos articles quand vous m'avez contacté, c'est super intéressant! Et je suis vraiment très surpris d'où vous prenez certaines informations. J'ai vu certains articles où vous parlez des Philippines. Ces informations sont vraiment correctes, je sais pas où vous les prenez! Donc beaucoup de courage, que Dieu continue de vous guider et je sais que tôt ou tard vous aurez beaucoup de succès dans ce domaine. Que le Basketball camerounais puisse progresser. Des opportunités pour les basketteurs camerounais, les coachs camerounais. Que toute la communauté du basket camerounais puisse s'en sortir, puisse être capable de vivre de sa passion. Merci encore et que Dieu vous bénisse!
(L'interview a été publiée le 7 Octobre 2021 sur l'ancienne version du Blog)
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