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Pascal Siakam entame sa 8ème saison NBA ce Mercredi soir face à Minnesota, et les enjeux sont divers pour lui, tant à titre individuel qu'en terme de collectif.
C'est l'avènement d'une nouvelle ère dans le Nord, avec le départ de l'entraîneur Nick Nurse. Le coach Champion NBA 2019 venait de passer 10 ans avec l'équipe canadienne (5 ans en tant qu'assistant, 5 ans en tant que Head-Coach). Pour remplacer celui qui est désormais entraîneur des 76ers, le Front-Office des Rapts a jeté son dévolu sur le technicien serbe Darko Rajaković, qui a déjà connu des expériences d'assistant-Coach avec le Thunder, Les Suns et les Grizzlies.
On a souvent l'impression que l'unique titre NBA remporté par Toronto remonte à une dizaine d'années... Pourtant ça ne fait que 4 ans ! Il est clair que les résultats qui ont suivi ce titre et les incessants mouvements au niveau du Roster renforcent cette mauvaise perception que ce titre date de Mathusalem. De l'effectif Champion de 2019, il ne reste plus que 3 joueurs (Siakam, Anunoby, Boucher). Chaque été ou presque sur ces 4 dernières années, les canadiens ont perdu des joueurs importants (Leonard, Green, Gasol, Ibaka, Powell, Lowry...) et sportivement cela se fait ressentir.
La saison dernière, les Raptors font 41 victoires et 41 défaites en Saison Régulière, terminent 9ême de Conference Est et de facto jouent pour la première fois de l'histoire de la Franchise le Play-In. Un Play-In où ils se feront éliminer sans gloire par Chicago, dans un match où ils avaient eu une avance de 19 points au tableau d'affichage. En somme, une saison 2022-2023 bien mièvre, sans grands reliefs et il fallait clairement du changement. Viré, c'est le coach Nick Nurse qui en fera les frais le premier. Et comme chaque été, Toronto a perdu un joueur majeur de son effectif en la personne de VanVleet (parti à Houston) cette fois-ci. Il y'a eu des petits changements ci et là, mais il n'y a clairement pas eu de révolution ! On se serait attendu à ce que le président nigerian des Raptors Masai Ujiri dynamite le marché des transferts pour rebâtir une équipe conquérante. Que Nenni ! Il y'a eu l'arrivée du MVP de la dernière Coupe du Monde, l'allemand Dennis Schroeder. Ça c'était juste à l'ouverture de la Free-Agency, et derrière plus rien... Ou presque ! Si ce n'est quelques Role Players et des Two-Way contracts. Présenté comme ça, difficile d'être optimiste pour la saison à venir. À moins que le caractère international de la Team avec un coach serbe, des joueurs internationaux comme Siakam et Koloko (Cameroun), Schroeder (Allemagne), Poeltl (Autriche), finisse par donner un cachet "FIBA" à cette équipe et du coup avoir un jeu difficilement déchiffrable pour les autres équipes NBA... Là on est à l'échelle 100 de l'optimisme !
Avec ses 24.2 PPG, 7.8 RPG et 5.8 APG, Pascal Siakam a été une des rares satisfactions sur le dernier exercice. Grâce à ses performances, l'ailier camerounais a de nouveau été sélectionné pour le All-Star Game, 3 ans après sa première participation en 2020. Même s'il n'a pas fait les All-NBA Teams, le Pascal de la saison dernière est un bon cru. Mais oubliez le passé, la saison à venir sera charnière pour le Camerounais. Pourquoi ? Parce que sur cette saison là, il fêtera son 30ème anniversaire. En général chez les sportifs, c'est quand arrive 30 ans qu'on se rend compte qu'on est plus proche de la fin que du début de carrière, ça change beaucoup la perspective. Même au niveau du jeu, ça se ressent. On est plus calculateur, on y met beaucoup moins d'émotions et on privilégie l'efficience. Attention, à 30 ans on est encore dans la force de l'âge, ou dans son "Prime" comme disent les américains, mais il y'a un switch mental qui s'opère à ce moment.
Et si on vous parle de l'âge de Siakam, c'est parce que cela est aussi en rapport avec l'argent ! Cette saison est la dernière des 4 années de son contrat de 137 millions de dollars signé initialement en Octobre 2019. En 2023-2024, il empochera donc 38 millions de Dollars et deviendra par la suite Free-Agent sans restriction à la fin de la saison (à moins qu'une prolongation ne tombe avant le terme de celle ci). Vu sur cet angle, on comprend facilement pourquoi Siakam était réticent à toute idée de Trade au point de refroidir les Franchises qui avaient un œil sur lui (Indiana, Atlanta) en déclarant ouvertement que si une équipe venait à l'acquérir, il ne prolongerait pas avec celle-ci quand il deviendrait Free-Agent. Signifiant ainsi que sa volonté était de rester au Canada. Pourquoi aller se jeter dans l'inconnu sur une dernière année de contrat ? Dans l'optique de resigner un nouveau gros contrat, tu dois atteindre certains objectifs personnels (Stats, All-Star, All-NBA Team, etc...) qui te permettront d'être en position de force à la table des négociations. Siakam sait qu'il a la possibilité d'atteindre ces objectifs avec Toronto. Pourquoi partir ? Ailleurs, tu ne sais pas si ça va matcher avec le nouvel environnement, avec ton nouveau coach, avec tes nouveaux coéquipiers... Pourtant à Toronto, tu as déjà tes certitudes. Et surtout qu'à 30 ans (on revient encore sur l'âge), ce sera sans doute son ultime opportunité de signer un gros contrat sur une longue durée, parce qu'à 34-35 ans, à moins d'avoir la longévité et la constance des LeBron James et Kevin Durant, tu auras le traitement salarial d'un vétéran et il y'a beaucoup moins de Zéro sur le chèque dans ce cas de figure.
Collectivement, on n'a pas l'impression que les Raptors se soient améliorés, donc on les voit difficilement faire mieux que la saison passée. Un retour en Play-In serait déjà une bonne chose... Après, ensuite, sur un malentendu, sait-on jamais ! Par contre Pascal Siakam, pris individuellement, pourra être fun à voir jouer, parce que ses performances seront déterminantes pour sa situation contractuelle et son avenir. Il n'est d'ailleurs pas loin d'un accomplissement majeur en tant que Raptor: il n'est plus qu'à 2000 points d'atteindre la barre des 10.000 points marqués en saison régulière avec Toronto. Par exemple, une saison à 27 points de moyenne sur 75 matchs disputés lui permettrait de rejoindre dans le club des 10.000 de l'histoire de la Franchise Demar DeRozan(13.296), Kyle Lowry(10.540) et Chris Bosh(10.275). Siakam(8.010) est actuellement 5ème dans cette hiérarchie derrière Vince Carter(9.420). Aux rebonds où il est 3ème avec 3.078 prises, il lui sera difficile sur une seule saison d'aller chercher le 2ème Jonas Valenciunas(3.961), et encore plus le 1er Chris Bosh(4.776). Comme vous pouvez le constater, il y'a quelques objectifs qui peuvent agréablement épicer la saison du natif de Douala.
Quant aux fans camerounais qui espèrent le voir avec les Lions Indomptables lors du TQO, ils devront prier pour qu'il ne soit plus Free-Agent en Juillet 2024 (le TQO se jouera du 2 au 7 Juillet 2024). Dans le cas contraire, ça va se corser pour le voir sous les couleurs nationales sans un contrat garanti avec une équipe NBA... Et il aura cette fois là un très bon prétexte. Encore faudrait-il que la volonté y soit !
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